Il y a plus de trente ans, dans un camp de réfugiés en Asie du Sud Est, j’ai fait mes premiers pas dans un monde marqué par l’adversité.
Mon berceau était imprégné d’espoir, une flamme fragile qui a nourri mes rêves et éclairé les recoins sombres de l’injustice qui m’entourait.
Beaucoup de personnes de la famille manquent à l’appel aujourd’hui, mais c’est la vie.
Des années plus tard, la France nous a accueilli et j’en suis extrêmement reconnaissante.
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• Mes parents m’ont appris leurs langues maternelles, mon père me racontait des histoires anciennes, de super héros des temps anciens, ma mère prenait le temps de m’enseigner la calligraphie et la couture.
Très tôt, j’ai le souvenir que mes parents m’ont fait pratiqué de nombreux sports afin de développer la discipline et la compétition mais aussi l’esprit d’équipe.
Maman est tellement douce et patiente avec nous.
Quant à mes frères et soeurs, ils sont les plus beaux cadeaux que mes parents m’ont offerts, on avance toujours ensemble.
De près comme de loin, ils avaient toujours une pensée et des cadeaux pour moi, bien que je n’ai pas toujours étais gentille avec eux.
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• Grâce à tous ces précieux enseignements et à leurs amours, j’ai érigé progressivement une forteresse intérieure, un rempart solide qui m’a permis de faire face à des rejets, à des humiliations, à des trahisons et injustice.
L’apprentissage était ma façon d’avoir confiance en moi.
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• À l’aube de l’adolescence, j’ai osé rêver de poursuivre des études de médecine malgré tout ce j’ai entendu de tellement décevant et décourageant.
Les souvenirs de ces jours où l’aisance matérielle d’une étudiante me fuyait persistent dans les méandres de ma mémoire.
Mes mains et mes genoux portaient les marques du labeur ardu dans les champs, tandis que mes aspirations se mêlaient aux sillons fertiles de la terre. Je répétais que c’était possible, c’était possible que j’accomplisse ma mission.
A partir de là, il n’y avait plus de limites, il n’y avait que des niveaux.
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• Pendant mes années facultés, je vivais dans environ 9 mètres carré, je déménageais de cité U en internat pendant près de dix ans, après une année sans logement où je cumulais les trajets pour aller étudier ( Marche, Métro, Train).
Pour certains je n’avais rien, alors pour eux, je n’étais rien.
Je ne leur en veux pas, ils n’avaient pas la sagesse de comprendre que les hommes ne naissent pas tous égaux et que chacun ne parcoure pas la même distance pour avoir de l’eau.
Dans mon passé, comme beaucoup d’entre vous probablement, je n’ai pas été épargnée pour verser des larmes, trembler de déception, me répéter qu’il faut TENIR BON, de prier et de questionner l’injustice, mais surtout de lever les yeux pour pardonner…
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• J’ai choisi d’être médecin, et jour après jour, année après année, pendant plus de quinze ans, j’étudiais, je lisais, je récitais, je pratiquais, j’écoutais, je restituais, je me levais tôt, je progressais, je m’inquiétais, je persévérais, bravant les incertitudes et surmontant des obstacles qui semblaient infranchissables.
La passion de soigner voire de guérir, telle une flamme incandescente, et l’empathie qui embrasait mon être, sont devenues les piliers solides de ma persévérance.
J’ai fait face aux défis car j’avais la conviction profonde que je pouvais faire le bien autour de moi.
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• Des années après, j’ai accueilli la maternité avec une joie ineffable.
Chaque instant passé auprès de mes enfants a enrichi ma vie, m’a enseigné la patience, l’amour inconditionnel et la puissance de la responsabilité. Je comprenais mieux mes parents à mon tour.
Chaque expérience vécue a contribué à façonner ma personnalité, grandir mon empathie, aiguillonner mon âme et étendre ma bénédiction pour les autres.
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• Aujourd’hui, lorsque je contemple le chemin parcouru, une émotion douce m’envahit.
Je ressens une gratitude profonde pour mes parents, ma famille, et toutes les personnes qui ont croisé ma route, pour chaque âme bienveillante qui a semé des graines de soutien et d’encouragement sur mon chemin.
J’exprime également de la gratitude d’avoir surmonter certaines épreuves de la vie, les douleurs sentimentales, les années d’études, les exigences du métier mais aussi les douleurs d’une convalescence après des interventions médicaux.
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